Yann-Armel Huet
Quelque part dans les airs des hordes de démons s'accrochent aux lambeaux de poussière que tu laisses derrière toi ils te protègent grognent vocifèrent écartent les importuns avec leurs ruades éructent en guettant pour toi tous les signes qui pourraient nourrir ta création Ton cerveau est en fusion De la lave coule de ton vagin Tu brûles J'entends tes rires Des savants des gouvernements des mercenaires ont lancé des tas de contrats sur ta tête Ils rêvent de te mettre des fils dans les yeux Ils y ont vu tous les univers s'y bousculer Des images circulent sur Internet Ils rêvent d'y trouver la clef de la chambre silencieuse des réponses du monde Ils sont à ta poursuite Mais toi tu ris Tes corps s'arrondissent Tu deviens multiple Tes corps se retournent sur eux-mêmes Des mains jaillissent de leurs entrailles les palpent les caressent les font jouir Ce que le sexe nous est à l'intérieur tu le sculptes comme s'il ne s'agissait rien d'autre que de la pâte à modeler Les foules sont médusées Ta vision s'abat sur le monde comme des missiles hors de contrôle Des fous commencent à te vouer une religion Les Etats parle de t'interdire t'expulser J'entends toujours tes rires A Paris à l'assemblée nationale les députés tremblent croient découvrir que pour la première fois "l'esprit fait corps avec la matière" "la matière est devenue esprit et inversement les frontières sur lesquelles lesquelles nous avons bâti notre civilisation ne sont plus" Délires Fièvres Empoignades On convoque des spécialistes Mais ils deviennent fous eux aussi Le parlement prend peur Une dictature s'installe Des lois martiales pour te faire emprisonner sont votées des nuits sans lune Pendant ce temps Paris commence à s'écrouler Par morceaux Puis par quartiers entiers Partout d'étranges corps flasques prennent possession de la ville s'infiltrent par les fentes des murs les interstices et se laissent couler dans les chambres à coucher Orgies Beauté L'armée tente une percée "ON VA LES DELOGER, LES GARS!" Las Ce que les soldats découvrent les terrorise Ces corps d'une nouvelle espèce avalent leurs balles dans leur chair en poussant des orgasmes Plus on les abat plus la chair s'éclate et plus elle se répand Le général en chef des armées se suicide Le premier ministre se suicide Suicides en séries Débâcle Les plus grands chefs d'Etat se retrouvent dans un souterrain secret pour une réunion de la dernière chance Le professeur Zpounk leur avoue : "Il est trop tard, messieurs. La terre ne tourne plus sur elle-même. Elle a pris vie comme dans un des dessins de cette diablesse. Il n'y a plus de séparation entre les choses. Je... Je ne suis plus en mesure de vous donner une explication adéquate de la réalité. Trop tard, trop tard, trop tard..." On entend des rires A vous glacer le sang Le souterrain explose Des armées difformes de résistants s'abattent sur la terre par paquets informes de chair Des cordons organiques relient tous les soldats Les yeux sont dans les ventres Les mains tâtent les corps Ceux des humains qui se cachaient encore fous de peur bientôt à leur tour se noient dans cette masse humaine Un frisson de plaisir les traverse comme s'il les buvait lorsqu'ils rejoignent ce grand tout Et leurs esprits sont déliés Ce qui était tapis au fond d'eux-même fleurit dégorge vomit respire comme cela ne s'était pas produit depuis des siècles et des siècles Le monde est désormais une toile blanche avec un corps rose beige terre de sienne qui peu à peu s'étale Tout est un Lumineux Et bientôt ce frémissement atteint les frontières d'autres mondes Plus tard à des années lumière de là les savants du futur ne sauront pas fournir une explication de ce qui s'est produit En fouillant les restes d'anciennes civilisations ils penseront que les êtres humains de l'époque avaient produit une arme plus destructrice que n'importe quelle autre arme Les cons!