Jérémy Tissier
La peau
mousse qu'affleure la roche
ravine
lèche oui allez va-y lèche la pluie
tout l'temps tout l'temps
creux d'une caresse marqué dans un pli
dur minéral élastique au temps
tu t'enfonces tu t'enfonces sans rien céder
sans détruire sans arracher
doucement
la peau
l'écoulement souple
l'aorte fantastique branchée au coeur de terre
roche face piquée du vent
surface au vent
qu'à la surface
le vent sur la surface
balaye d'épingles cube ronfle et cartonne saccade
à-coup qui tourne
vent panique
déffleure et griffe et gueule
une gueule dans une gueule
sans limite sans trait noir
tout le dehors
invisible
échaffaudage nervures de feuilles
corail plaque de bitume
une folie construite par des détails affolés
poreux
succession d'alvéoles accélérant le vide
le vide se forme
il est plat
il avancejusqu'à la peau qu'il rencontre
qu'il englobe
la peau moulée par le vide
par cette immense barrière sphérique anguleuse crissante
d'objets de choses et d'êtres déchaînés
des tubes perforés de ponts
le vide
toujours tout autour
cernant la peau
la peau surface
la peau limite
la peau frontière
entre deux mondes qui se ressemblent.
Jérémy Tissier
2006